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Audio: Entretien avec Emil Michel Cioran (1950)



Jean AMROUCHE s'entretient avec Emil CIORAN, philosophe et écrivain roumain de langue française à l'occasion de la sortie de son "Précis de décomposition". - A 1'54 : Emil CIORAN est invité à réfléchir sur la situation de métèque et d'étranger. Son ouvrage "Les paradoxes du métèque", ce qui a influencé ce livre en particulier sa propre situation d'étranger à Paris et d'intellectuel qui a perdu sa patrie intérieure et qui vient vivre d'autres civilisations, ce qu'il considère comme tragique. Comment accorder son dessèchement intérieur avec celui de la civilisation. Son problème était de savoir comment s'installer dans un Occident qui lui même avait perdu sa foi. - A 4'17 : Jean AMROUCHE lit un extrait des "Paradoxes du métèque" (les tribulations d'un métèque). (0'22") - A 4'40 : Emil CIORAN explique qu'il a eu l'intuition depuis longtemps du manque de vitalité de l'Occident, de sa préparation à l'agonie."L'Occident est certainement condamné et inconsciemment tout le monde le sait mais peu osent l'exprimer". Il explique pourquoi il ressent ce manque de vitalité et de déssèchement affectif occidental. - A 6'50 : Emil CIORAN fait un parallèle entre l'Occident finissant et la fin de l'Empire romain. Le point commun est que l'on n'est plus capable de produire des idées originales et on les prend ailleurs. Sur le plan religieux il y a une sorte de vide intérieur et de diminution d'intensité religieuse. - A 9'55 : Emil CIORAN reconnait avoir projeté son anxiété dans sa vision de l'histoire. Il précise qu'en tant que métèque sa sensibilité s'est exaspérée mais cette condition n'a pas influé sur sa vision de l'histoire. - A 12'10 : Son sentiment de n'avoir pas trouvé de nouvelle patrie, il se considère comme un homme détaché de tout, comme un moine bouddhiste qui hanterait des boulevards mais il est aussi un sceptique violent. Ce détachement est issu de réflexions mais il est subi. - A 14'51 : Emil CIORAN revient sur ses passions philosophiques : la métaphysique allemande, les moralistes français. A chaque fois il vit cette passion de manière exclusive puis l'admiration s'éteint. En partant de son emballement pour BERGSON il décrit ce phénomène d'attachement puis de détachement à la pensée bergsonnienne. Par la suite il est devenu sensible aux aspects négatifs de la vie, exactement l'envers de l'élan vital. Pour lui la tragédie est la vision la plus juste de la vie. - A 18'48 : "Tout ce qui n'est pas tragédie est dérisoire, accidentel". - A 20'05 : Emil CIORAN a peur que chacun ne devienne un métèque dans l'univers, le métèque deviendra le modèle et la fatalité de chaque homme. Ce sentiment d'une fin exclut l'idée d'éternité ce qui explique que dans "chaque homme il y a un métèque futur".

28/12/1950

Emission
Des idées et des hommes
Générique
participant
Cioran, Emil Michel
présentateur
Amrouche, Jean