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Cioran a été inhumé au cimetière Montparnasse

Les obsèques religieuses de l’essayiste et philosophe Emile Cioran ont eu lieu vendredi dans la petite église roumaine des Saints-Archanges, à Paris, au pied de la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5e arrondissement. C’est aussi là que, le 1er avril 1994, avait eu lieu l’adieu à un autre illustre Roumain qui avait choisi la France et sa langue : Eugène Ionesco. Cioran, qui s’éteignait mardi dernier à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, disait d’ailleurs de son ami, l’auteur du « Rhinocéros » : « Il est plus religieux que moi, qui n’ai jamais été tenté par la foi. » Il est vrai que Cioran, ceci expliquant peut-être cela, était fils de pope.

L’atmosphère était fervente, au cours de la cérémonie ponctuée de chants orthodoxes, concélébrée par trois prêtres aux lourdes chasubles dorées, devant l’iconostase d’argent au centre de stalles de bois sombre. Sur le cercueil recouvert de gerbes et de couronnes, une main anonyme avait déposé deux roses.

Marie-France, fille de Ionesco, lut un message du roi Michel de Roumanie, rendant hommage « à celui qui a illustré la spiritualité roumaine en ce qu’elle a de plus vivant et de plus virulent ». On remarquait notamment la présence de Mme Simone Boué, compagne de Cioran, de Jean d’Ormesson, Jean-Edern Hallier, Gabriel Matzneff, Antoine Gallimard... Un prêtre, au nom de la communauté roumaine, a associé à Cioran le souvenir de Mircea Eliade et de Ionesco. « Ils ont contribué à la gloire de la littérature française, ont fait honneur à la France qui les a adoptés », et à la Roumanie, qui leur « a apporté les bases philosophiques et intellectuelles ».

Cioran a été ensuite inhumé au cimetière du Montparnasse.

Article paru dans l'édition du 26 juin 1995.
l'Humanité